fresque de graffiti inspirée de La création d'Adam de Michel Ange, présentant les mains  des personnages qui se tendent vers le mot art écrit en braille au centre de la fresque.

L'importance du toucher

Le toucher a un rôle fondamental dans le développement et l'épanouissement de l'être humain. Il est le premier sens qui se développe chez le fœtus et le premier langage du bébé. Il lui est aussi vital que la nourriture et les soins d’hygiène.
Le toucher participe à la construction de l’identité, au développement cognitif, sensoriel, social et physique. Il est utile non seulement pour la croissance de l’enfant, mais il est essentiel tout au long de la vie. Notre toucher incarne notre intelligence, révèle notre sensibilité et notre créativité, façonne notre imaginaire.
Que serait une société où nul ne pourrait se toucher, comme ce fut le cas durant la pandémie? Une société assurément invivable à long terme.

 

Passant regardant une affiche où figure des mains touchant le mot art embossé en braille sur un hoodie

 

Le philosophe Jean-Philippe Pierron explique combien le toucher soigne notre présence au monde, aux autres et à nous mêmes:
"La main est une modalité fondamentale de notre présence sociale. Il est plus que nécessaire de renouer avec son intérêt dans un contexte culturel où notre rapport au monde est conditionné par nos dispositifs numériques qui nous anesthésient. Tout ce qui peut servir à revaloriser l'expérience du toucher du monde doit nous servir à réinterroger notre présence corporelle au monde, notre manière de 'faire monde' qui s'est progressivement décorporée [...] Notre main nous dit quelque chose de notre style d'être au monde en passant d'une expérience éminemment sensible, sensorielle à une posture plus éthique.
La question du toucher, c'est d'abord une forme de co-présence au monde".

 

personne touchant le mot art embossé en braille sur le hoodie que porte un déficient visuel

 

déficient visuel avec ses lunettes de soleil portant un hoodie avec art embossé en braille sur la poitrine accompagné par son chien guide dans les rues de Paris

 

déficient visuel avec des lunettes sur un quai de métro et portant un hoodie avec le mot art embossé en braille sur la poitrine, en arrière plan une affiche publicitaire avec marqué "qu'on regarde"

 

Nous vivons une époque de saturation par l’image où les êtres et les objets sont de plus en plus mis à distance par de nouvelles frontières sensorielles faîtes d’écrans. Du côté du milieu artistique les musées ou galeries nous donnent rarement la possibilité de toucher les œuvres, et dans le cas de la sculpture par exemple, nos seuls yeux ne nous permettent pas de sentir les choses, nous avons besoin de nos mains pour les saisir pleinement, pour "gratter" leur surface. Dans ce contexte, valoriser l'interaction tactile c'est permettre au spectateur de sortir de sa passivité en l'incitant à aller au-delà du visible.

En prenant en photo plusieurs déficients visuels revêtant des hoodies arborant le mot 'art' en braille, j'interroge à la fois notre rapport aux sens, la perception visuelle et tactile, qui remet en question les codes de représentation. Dans une société de plus en plus orientée sur le paraître, à travers la pub, les réseaux sociaux, la mode, quel rapport entretient-on encore avec le toucher ? Quelle est la place accordée aux mal-voyants dans un monde où l'image est prédominante? Comment l'art peut devenir inclusif pour les personnes dont la vue est déficiente?

 

à la tombée du jour une jeune femme déficiente visuel assise sur un banc et portant un hoodie avec le mot art embossé au niveau de la poitrine

 

jeune femme déficiente visuel apposant une main sur un hoodie gris qu'elle porte avec le mot art embossé au niveau de sa poitrine. Ses ongles sont décorés avec les motifs noir et blanc d'une panthère des neiges.

 

jeune femme déficiente visuel portant un hoodie gris avec le mot art embossé en braille sur la poitrine et une canne de signalisation entre les mains

 

un homme et une femme déficients visuels portant chacun un hoodie avec le mort art embossé en braille. L'homme est de face avec une canne de locomotion à la main droite la femme est à sa gauche de trois quart, ils posent devant un graffiti représentant une main touchant le mot art écrit en braille

 

un homme et une femme déficients visuels portant chacun un hoodie avec le mort art embossé en braille. L'homme est de plein pied et de trois quart avec une canne de locomotion à la main droite, la femme est à sa gauche de dos, ils portent tous les deux la capuche sur leur tête, posant devant une fresque graffiti représentant une main touchant le mot art écrit en braille

 

homme déficient visuel avec sa canne de locomotion de nuit, portant un pantalon noir, un hoodie gris clair avec la capuche sur la tête. En arrière plan, sur un mur recouvert de graffiti, une affiche représentant des mains en gros plan touchant le mot art embossé en braille sur son hoodie. L'éclairage donne l'impression que la personne se confond avec les motifs noir et blanc du graffiti.

 

Le vêtement est la frontière sensible entre nous mêmes et le monde extérieur, l'intime et le monde apparent. À l'image d'un écran tactile il devient un moyen de communication, de sensibilisation. En lui est toute l'ambivalence de l'art de montrer et de cacher. Nous sommes tous une énigme à déchiffrer, et c'est en cela que réside toute notre beauté.

 

jeune homme déficient visuel souriant tenant une canne de locomotion dans sa main droite et avec l'autre retirant de sa tête la capuche d'un hoodie qu'il porte avec le mot art embossé en braille sur la poitrine. Il pose devant une fresque de graffiti représentant une main touchant du bout des doigts le mot art en écriture braille.
Sources: Jean-Philippe Pierron, Éloge de la main

 

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